Abbeville - Mulhouse

Pour terminer mon tour de la France, il me reste cette portion le long du littoral puis des frontières belges, luxembourgeoises et allemandes pour rallier Mulhouse, point de départ de mon Tour en 2006. J’ai 4 semaines en ce mois de Juin pour suivre les 1600 km prévus. Alors que je m’attendais à des paysages parfois assez moches, j’ai en fait beaucoup aimé ce voyage car très varié, avec de beaux paysages, de belles rencontres et ce coté amusant de jouer à saute frontières des dizaines de fois. 

Carte interactive

Vidéo (41mn)

Sélection de mes meilleures photos

Compte rendu thématique

Les moments les plus mémorables :  

 - Le tour en Simca Arronde P60 de 1951 avec François et Sandrine. Ca été le seul moment franchement pas écologique de mon parcours.

 - J’ai bien aimé tous ces passages en Belgique, Luxembourg et Allemagne. Par des tas de petits détails, le dépaysement est chaque fois immédiat. 

 - Mon passage au B’twin Village de Lille, plus grand magasin de cycles de France.

 - Mon cousin Thomas qui m’aura accompagné de Villeneuve d’Ascq à Condé sur l’Escaut.

 - Toutes les décorations sur les voitures et maisons, surtout en Belgique et en Allemagne à l’occasion du Mondial de foot.

 - Mon étape dans cette auberge de Forge-Philippe. Difficile à trouver, repas pantagruélique et ambiance sympathique.

 - La visite de Strasbourg à pied et en Segway.

 - La place concédée aux vélos en Belgique, Luxembourg, Allemagne et en Alsace, notamment à Strasbourg.

 - Ma journée à l’Europapark à Rust en Allemagne.

 - Ma visite de la cité du Train à Mulhouse

 - Finir mon tour de France par la fête de la musique à Mulhouse

 

Les moments à oublier :  

 - La zone industrielle et portuaire de Dunkerque et les banlieues de Longwy, Forbach  sont assez moches.

 - Le long du Rhin, que ce soit côté français ou allemand, c’est très monotone. C’est surement nettement mieux de suivre la route des vins pour bien profiter des beautés de l’Alsace. 

 

Des regrets ?  

 - Ne pas avoir fait de char à voile sur les plages du Nord. L’idéal aurait été d’y prendre un jour de repos et de réserver une séance dans la journée.

 - Ne pas avoir eu plus de temps pour voir d’autres membres de ma famille aux alentours de Lille.

 - Heureusement que je connaissais déjà les beaux petits villages d'Alsace car suivre le Rhin n'est surement pas la meilleure façon de profiter de cette belle région.

 

Difficultés rencontrées :  

 - Quelques petites côtes en Lorraine et du côté des Vosges mais jamais plus de 4 ou 5kms et jamais très pentues.

 - Quelques rares routes pavées dans le Nord et en Bretagne, ce qui n’est vraiment pas confortable en vélo de route.

 - Pas mal de pistes tout au long de mon parcours mais j’en ai l’habitude et mon vélo les supporte bien.

 - Pas de chaleur et du vent globalement dans le dos, ce n’était certainement pas le tronçon le plus dur de mon tour de France

 

Des mésaventures ?  

 Pas grand-chose à signaler :

 - 3 ou 4 crevaisons à la roue de la remorque les premiers jours. J’ai changé le pneu à Lille et n’ai plus eu de problème par la suite.

 - Explosion de mon pneu arrière dans une montée. La veille, j’avais constaté que ma chambre à air faisait un pli dans le pneu. Avec la pression, cela avait déformé la structure du pneu. Revenir à la normale, lui aura été fatal. J’ai réparé en mettant ce pneu pour le remorque, en mettant un morceau de chambre à air à l’intérieur et une rustine à l’extérieur. J’ai changé le pneu par la suite à Longwy.

 - Très fort orage lors de ma nuit en bivouac du côté de Valenciennes puis le lendemain. J’ai juste eu le temps de me mettre à l’abri sous l’auvent d’une friterie. Mais il était déjà trop tard pour y mettre aussi le vélo au sec.

 

Quelques impressions générales :  

 - J’ai bien souvent préféré rouler côtés belges, allemands ou Luxembourgeois. Voitures plus respectueuses des vélos, plus de pistes cyclables, maisons et villages plus jolis. Et puis, pour eux c'est le sud. Alors on y voit beaucoup de lavande devant les maisons ainsi que pas mal de panneaux solaires.

 - Je me demandais parfois dans quel pays j’étais : noms de village à consonance étrangère, personnes en France parlant alsaciens ou allemand (je ne fais pas la différence) ou avec des préférences linguistiques comme l’utilisation de septante ou nonante dans des commerces frontaliers.

 - Amusant aussi de voir que certaines frontières sont bien signalées et d’autres pas du tout. J’ai bien aimé voir en quoi certains bureaux des douanes avaient été transformés : Salon de coiffeur, restaurant, musée, vente de chocolat Léonidas.

 - Pas de fontaine ni de sanitaire dans le Nord et dans l’Est. Ce n’est que dans les Vosges que l’on trouve des fontaines. A noter, les fontaines à eau dans les rues de Strasbourg spécialement adaptées aux cyclistes.

 - C’est impressionnant la place laissée aux cyclistes et aux piétons à Strasbourg. Chaque route a une piste cyclable adjacente. Le fléchage est bon. Dans le centre, je suis étonné par une borne qui compte le nombre de passage de vélos : A 9h30, déjà 1500 vélos étaient déjà passés. Plus de 860000 en un peu plus de 6 mois !

 - Très bien ces campings de Givet, Montmédy et de Rhinau avec leurs petits prix (de 5 à 8€ ) pour les cyclo-touristes

 

Mes tricheries et autres raccourcis :  

 - Le bac pour passer le Rhin au niveau de Rhinau. L’accostage fût violent. Il me fit trébucher et tomber mon vélo.

 

Rencontres :  

 Même si j’ai fait seul ce périple de 1600km, j’ai eu de multiples occasions de rencontres. D’abord en planifiant mes étapes pour rendre des visites à de la famille et 4 fois j’ai profité de l’hospitalité de membres de Warmshowers (à Merlimont Plage, Mondorff, Habkirchen et Mulhouse). Au total, je me suis fait inviter 6 fois.

 - Rencontre spontanée rare dans le village frontalier de Regniowez. Je prenais en photo un vieux vélo décoré de drapeaux belges et français lorsque la propriétaire de la maison m’invitât à rentrer chez eux voir un autre vélo plus ancien et boire un verre avec son mari.

 Les croisements d’autres cyclo-voyageurs étaient assez rares en ce mois de Juin. Rencontre sympa à Dunkerque avec Daniel, un jeune pompier qui terminait aussi un tour de France de 2 mois et de 5500kms. Je l’ai suivi les jours suivant sur Facebook. 

 

Animaux :  

 - A noter, juste ce marcassin un peu perdu et affolé sur une  piste cyclable en Alsace. J’ai eu à peine le temps de sortir l’Iphone pour le filmer. J’espère pour moi que sa mère n’était pas dans les parages.

 

Quelques chiffres:  

 - 1587kms. J’ai donc fait 646kms de plus que le trajet le plus rapide que calcule un GPS pour rejoindre toutes mes étapes.

 - 78h39 de vélo soit une moyenne de 20.2km/h.

 - 12900m de D+ .

 - 700 photos et vidéos.

 - 3kg de perdus.

 - 17 jours de vélo.

 - Aucun jour de vrai repos mais 3 jours assez cools.

 - Etape maxi 133km, moyenne 98km.

 

Gastronomie locale:  

 - Une carbonade flamande dans un estaminet du nord.

 - Une flammenkuche à Strasbourg.

 - Beaucoup de bières locales : Jupiler, Orval, Cinay, Erdingler, Corne du bois des Pendus

 

Compte-rendu chronologique

Jeudi 05/06/14 : Abbeville – Merlimont Plage. 92km.

 Je prends un train à 7h17 pour Amiens. Là j’ai une heure d’attente pour mon prochain en direction d’Abbeville. Je reste sur le même quai au cas où j’aurai la chance de ne pas à avoir à monter et descendre des escaliers pour changer de quais. Ce ne sera malheureusement pas le cas. Je serais donc bon pour une séance de portage, le vélo dans une main, la remorque et les sacoches dans une autre, ce qui n’est pas pratique. Même opération en arrivant à Abbeville pour sortir de la gare. Petite séquence vidéo pour immortaliser le départ de cette dernière grande étape de mon tour de France. Je retrouve ensuite assez vite la piste cyclable qui longe le canal et qui me mène, vent de face, directement jusqu’à St Valery en Somme soit un poil trop loin car il me faut bifurquer vers la piste menant au Crotoy. Là, provisoirement, le vent me pousse dans le dos et je file ainsi à grande vitesse sur cette bonne piste séparée de la route. J’arrive au Crotoy via son petit port. La marée est basse et il n’y a que très peu de monde en cette avant saison. La suite du trajet est agréable : petites routes et pistes cyclables généralement éloignées du bord de mer. Passage sans m’arrêter devant le parc du Marquenterre, grande réserve ornithologique que je connais déjà. Je pique-nique à Quend Plage, station balnéaire désertée en ce début Juin. La plupart des commerces sont encore fermés et les rares promeneurs sont en anorak ou kway tellement le fort vent rafraichi l’atmosphère. Je commence à mettre de la crème solaire car le soleil tape fort tout de même. Je m’offre une glace à l’intérieur d’un bar pour fêter un peu le début de ce périple et me mettre un peu au chaud. Passage ensuite à Fort Mahon Plage puis long contournement de la baie d’Authie pour arriver à Berk. J’y fais une longue pause protégé par une dune car mes hôtes Warmshowers de Merlimont plage ne m’attendent pas avant 18h.  J’y arrive cependant bien à l’avance et fait un tour dans cette station balnéaire qui me parait bien triste. Comment peut-on vivre à l’année dans un lieu comme celui-là, c’est la question que je me pose en allant chez mes hôtes. François est déjà là, et Sandrine, sa copine arrivera juste après moi, de retour de son boulot. Leur maison n’est pas bien grande et pas encore totalement aménagée car ils y sont depuis peu. Le contact est tout de suite sympathique. Leur petit chien Carlo est très joueur. Il les a accompagnés pendant leur long voyage à vélo à travers le Japon et la Corée du sud, il y a de cela 2 ans. François et Sandrine avaient prévu une soirée ciné. Ils me proposent de me joindre à eux, ce que j’accepte avec joie. Dîner rapide avant de sortir avec leur vieille Simca Arronde de 1951, d’abord pour une courte visite de Sandrine à son club d’Astronomie puis pour le cinéma de Berk dont c’est l’une des dernières séances puisqu’il est remplacé par un cinéma plus grand dès ce week-end. La soirée me fait d’ailleurs bien pensée à l’émission d’Eddy Mitchell « La dernière séance » : arrivée en vieille voiture, vieux cinéma d’arts et d’essai, caissier super sympa. Très sympa aussi François et Sandrine qui insistent pour m’offrir ma place.  Il ne manquait que l’ouvreuse avec ses sucreries et un bon western. Au lieu de cela, c’était un film de Cronenberg que je n’ai pas du tout aimé et pendant lequel j’étais à moitié endormi.

 

Vendredi 06/06/14 : Merlimont Plage – Wissant. 104km

 Sandrine est déjà partie à son boulot lorsque je me lève. Petit déjeuner avec François, qui est en recherche d’emploi, après que je sois sorti pour la boulangerie.

 

Après un passage par Stella Plage, j’arrive par une belle forêt et une piste cyclable au Touquet. Ambiance très chic de ses maisons, résidences privées cachées derrières de hauts portails et entreprises d’entretien de jardin ou d’aménagement d’intérieur en plein travail. Je m’enfonce dans une résidence privée et prend un chemin sablonneux pour rejoindre le Touquet. Je suis donc bon pour pousser le vélo sur 300m. Le front de mer n’est pas très  beau. Belle vue sur la baie de Canche depuis le cercle nautique. Je quitte le Touquet par l’hippodrome  puis l’aéroport international, ce qui parait incongru pour une station balnéaire. Après Etaples, la piste cyclable me conduit jusqu’à Ste Cécile, station balnéaire sans charme particulier, pour arriver à Hardelot, via les superbes lotissements de villas qui font la beauté de cette ville très verte. Le Château d’Hardelot, de style néo-Tudor, dénote. Bâti sur une butte au milieu du XIXème siècle, il domine des marécages et le lac du miroir. Beaucoup de jeunes y sont présent ce jour-là car un festival de musique s’y prépare pour ce week-end. J’arrive ensuite à Boulogne sur Mer, grande ville portuaire, avec son centre-ville ancien perché en hauteur, ce qui demande un peu de volonté pour y aller en vélo. Je pique-nique dans un parc, à l’ombre, avec vue sur l’immense dôme de la cathédrale.

 

A Wimereux, l’attraction c’est les cabines de plages en bois, blanche et bleu qui longent le front de mer. Les maisons en arrière-plan sont aussi jolies de même que cet ensemble de maisons en bois avec vue imprenable sur la mer juste avant le fort Mahon d’Ambleteuse. Je fais un aller-retour pour aller voir le Cap Gris Nez, site très bien aménagé, où les vélos ne sont pas interdits. Belle vue sur l’Angleterre, le Cap Blanc Nez que je rejoindrais le lendemain et sur Wissant, mon lieu d’étape pour ce soir. Pause forcée puisque je me rends compte que la roue de ma remorque est crevée. Le pneu est trop vieux et abimé, il faudra que je le change dès que possible. Encore quelques kilomètres de petites routes par monts et par vaux et j’arrive à Wissant, chez mon oncle Stéphane et ma tante France, dans leur petite résidence secondaire. J’y retrouve aussi ma cousine Marie-Pierre. Après les retrouvailles, je m’empresse de faire la bonne blague à laquelle je pensais depuis un moment. Ma tante se prénommant France, je souhaite faire le tour de « France » à vélo et d’immortaliser cela en vidéo. Pour la peine, je fais même 2 tours ! Cela amuse bien tout le monde. Soirée tranquille à profiter du superbe marché local, suivi d’un bon repas et d’une balade en fin de soirée en bord de mer.

 

Samedi 07/06/14 : Wissant – Bergues. 129km

 Avant de partir, pendant le petit-déjeuner, France et Stéphane me parle d’une visite qu’ils ont faite dernièrement à Bouvines, dans le Nord. Un collectionneur de Playmobiles a fait une reconstitution de la bataille de Bouvines en 1214, il y a donc 800 ans, avec des milliers de personnes en plastique. L’histoire veut que cette bataille ait été à l’origine de la nation France, car pour la première fois, une coalition des troupes royales françaises de Philippe Auguste, renforcées par quelques milices communales et soutenues par Frédéric II de Hohenstaufen, s’opposent à une coalition constituée de princes et seigneurs français, menée par Jean sans Terre, duc d'Aquitaine, de Normandie et roi d'Angleterre, et remporte la victoire. Je ne connaissais pas cette histoire et cela me fait plaisir d’apprendre que le pays dont je fais le tour en vélo ne serait vieux que de 800 ans. 2 belles cotes m’attendent pour arriver au Cap Blanc Nez. Je ne force pas trop lors des changements de vitesse car j’ai quelques petits problèmes avec mon dérailleur. Ma chaîne serait trop longue. Je suis un peu déçu de voir que la dernière grimpette jusqu’à l’altitude de 113m ne débouche pas sur un col, dument nommé. La descente vers Sangatte est grisante. Blériot plage marque l’entrée de Calais. Le temps devient plus gris et les prévisions météo ne sont pas très bonnes pour les jours à venir. Je traverse Calais un peu au pifomètre en direction du Beffroi et de la statue de Bourgeois de Calais située en face du Beffroi. Je croise quelques clandestins dans les rues de la ville, en attente d’une possibilité de passage vers l’Angleterre. Une pluie fine commence à tomber. En sortant de Calais, je vois qu’une route semble longer plus près le bord de mer que ma trace GPS. En fait, je tombe rapidement sur une vieille piste défoncée de plusieurs kilomètres. Ce n’est pas très heureux pour mon vélo mais en faisant attention, je sais qu’il devrait pouvoir le supporter. Le passage, quelques kilomètres plus loin par le village de Tape-cul me fera bien rigoler. A Grand Fort Philippe, le contournement de la rivière Aa me fera faire quelques kilomètres en plus. A l’heure du déjeuner, je me mets en recherche de solutions pour mon repas. Trop de monde faisant la queue devant la friterie, je me rabats donc sur un supermarché Lidl. Je mange un peu plus loin dans un quartier du centre-ville de Gravelines. Des gens me questionnent depuis leur fenêtre sur mon voyage. Je vais ensuite jusqu’au bout de la jetée de Petit Fort Philippe, entièrement artificielle et fortement renforcée par d’énormes blocs de bétons faits pour bien s’encastrer entre eux. L’arrivée sur Dunkerque à travers son immense zone industrielle est moche et interminable. Mais, cela faisant aussi partie intégrante de mon tour de France, je tiens à immortaliser aussi par quelques photos ces raffineries, usines de production d’aluminium, centrale nucléaire et autres zones portuaires. Je n’ai pas à me plaindre car le beau temps est revenu et le vent souffle dans mon dos. Je visite à peine le centre-ville de Dunkerque. Au pied du beffroi, je croise un autre voyageur à vélo faisant une pause. Il s’agit de Daniel, jeune pompier faisant lui aussi un Tour de France mais d’une seule traite sur 2 mois environ. Il estime son tour à 5500km. Il n’est pas aussi puriste que moi à chercher le plus possible le bord de mer et à longer les frontières. Débutant en voyage à vélo, il me pose quelques questions sur mon expérience. Sympa il me propose une bière qu’il transporte dans ses sacoches, bien trop chargées à mon goût. Je le suivrai les jours suivants sur son compte Facebook.

 

En ce samedi, les bords de mer de Malo les Bains et de Bray Dunes sont noirs de monde avec une vraie ambiance estivale. Je me faufile tant bien que mal entre les gens. Quel changement après ces stations balnéaires désertées des jours précédents ! J’arrive ensuite enfin à la frontière belge. Le poste de douane a été transformé en magasin de chocolats Léonidas. Il me faut maintenant atteindre ce fameux point le plus au nord de la France. Ce qui, sur la carte me semblait être une petite route tranquille jusqu’à la Maison de la Dune, est en fait la route intérieure et privée d’un immense camping fermée par une barrière. Après discussion avec le gardien, il veut bien me laisser rentrer pour aller jusqu’à la balise marquant ce point extrême.  Il faut pour cela traverser le camping, puis l’immense plage pour rejoindre ce pieu planté en pleine mer. Au nord, la vue s’étend jusqu’à la Panne en Belgique (je ne sais pas pourquoi mais ce nom ne me donnait pas envie d’y aller) et au sud jusqu’à Dunkerque. En faisant demi-tour, je ne me rends pas compte que je dis au-revoir aux côtes françaises et que je ne reverrais plus la mer avant un bout de temps. J’aurais fait au total 6115km le long des côtes.

 

Bien, il s’agit maintenant de savoir où je vais bien pouvoir dormir. Pas dans cette immense camping, où j’en profite pour faire le plein d’eau. Je m’oriente pour un bivouac à l’intérieur des terres, non loin de Bergues. Il ne sera pas facile de trouver un lieu. Tous les camps étant bien à découvert et près de routes trop passantes. Finalement, je trouverais mon bonheur dans un champ, caché de la petite route par une butte. Je teste pour la 1ère fois mon principe de mini douche, une poche à eau de 2l que j’accroche en hauteur. Avec un gant de toilette, j’ai même besoin de moins de 1l pour me décrasser. A menu, soupe déshydraté et nouilles chinoises. La nuit sera bonne même si en soirée en en matinée, je trouvais qu’il y avait pas mal de monde dans les environs : pécheurs ou promeneurs. 

 

Dimanche 08 /06/14 : Bergues – Mouvaux. 132km

 Je suis si proche de Bergues qu’un petit détour s’impose à moi, bien sûr pour voir cette jolie ville mais aussi et surtout pour revoir les décors des scènes du fameux film « Bienvenue chez les Ch’tis ».  Après l’entrée dans la ville fortifiée, je suis tout de suite au cœur du film : le canal où Dany Boon et Kad Merad urinent, la maison qui a servi de Poste, la place avec le beffroi et le bar où c’était déroulé la cascade de Kad Merad en vélo. Quelques rares allusions au film sont visibles sur certains commerces. Arrêt à une boulangerie pour compléter mon petit-déjeuner que je mange au pied de l’ancienne église.  Je rejoins ensuite à travers la campagne ma trace qui longe la frontière et passe du côté belge. Le dépaysement est léger de cet autre côté de la frontière mais il est bien présent. Les panneaux sont différents, les routes sont souvent en béton plutôt qu’en bitume et les maisons de campagne sont assez chics. Comme pour les jours suivants, je constate qu’il n’est pas facile de se procurer de l’eau. Aucune fontaine ou sanitaire dans les villages. Ma seule solution est de demander aux gens que je vois à l’extérieur de leur maison. J’interpelle ainsi un monsieur en train de jardiner après le village de Godewaersvelde. En fait je suis obligé de crier car il doit être un peu dur d’oreille. Sa femme me remplit mes 2 gourdes et nous discutons un peu. Ils apprécient qu’un cycliste comme moi s’arrêtent ainsi et râlent auprès des autres qui passent devant chez eux sans le moindre salut. Je leur demande conseil pour un chouette estaminet où je pourrais déjeuner. Ils me déconseillent ceux du mont des Cats, bons mais cher et m’indiquent celui de Berthen. Il me reste à faire la belle grimpette pour le mont des Cats qui culmine à 164m et offre une belle vue dégagée vers le sud. L’estaminet en question ressemblant plus à une auberge assez chic, je décide de continuer ma route. Finalement, j’en trouverais un autre à St Jans-Cappel, la maison commune Wethuis. Je m’installe en terrasse, bien à l’ombre et y déguste une bonne terrine de lièvre suivie d’une excellente carbonade flamande. Je n’aurai pas le courage après cela de gravir le Mont Noir. Passage ensuite par la jolie ville de Bailleul mais bien calme en ce dimanche midi. Je fais ensuite une sieste dans un parc de la ville de Nieppe avant d’entamer le grand contour de l’agglomération lilloise. A partir de Houplines, je vais suivre pendant de nombreux kilomètres une piste cyclables très agréable longeant la Lys, qui marque la frontière avec la Belgique. On passe d’ailleurs régulièrement tantôt d’un côté ou de l’autre de la frontière. Beaucoup de monde se balade à pied, vélo ou roller. Ma sonnette est bien utile pour éviter tout risque de collision. Ces 25kms de piste me semblent cependant un peu longuet vers la fin. Du côté de Wevelgem, il est temps pour moi de bifurquer, de revenir en France et de rentrer dans l’agglomération lilloise et rejoindre Mouvaux où m’attendent mon oncle Loïc et ma tante Florence dans leur nouvel appartement. Je croise une course locale de vélo de route. Ils sont fanas de ce type de critérium dans la région. Je mets mon GPS Garmin en mode guidage mais ces indications me semblent bien différentes avec ma lecture de carte sur l’Iphone. Il me fait ainsi traverser Roubaix, juste après la fin d’un grand marché populaire dans les rues du centre-ville. Les rues sont ainsi jonchées de détritus et bazar de gens et de voitures. En arrivant sur le grand boulevard menant à Lille, ma route est moins chaotique. Une belle piste cyclable en plein milieu d boulevard permet de rouler en sécurité. J’arrive sans trop de mal grâce aux indications de mon oncle et ma tante, car leur rue n’est pas encore répertoriée dans les GPS. Leur immeuble est tout neuf et n’est d’ailleurs pas encore totalement fini. Le vélo reste dans leur garage. Une bonne douche et une lessive me redonneront un peu de confort. Bon repas et soirée tranquille avec eux et aussi mon cousin Xavier.

 

Lundi 09/06/14 : Mouvaux – Valenciennes. 93km

 2 choses sont programmées pour aujourd’hui. Je tiens à faire un passage au B’twin village de Lille et j’ai rendez-vous avec mon cousin Thomas à Villeneuve d’Ascq qui souhaite m’accompagner pour quelques kilomètres en vélo. Ensuite, mon objectif est juste d’aller du côté de Valenciennes et trouver un endroit où dormir en fonction des opportunités qui se présenteront à moi.

 

Mon vélo étant un Décathlon ainsi que la plupart de mon matériel, j’avais contacté par internet le grand magasin de Villeneuve d’Ascq pour une éventuelle rencontre avec des responsables pour échanger sur mon tour de France en vélo. Le contact fut sympathique mais l’on me conseilla plutôt d’aller au B’twin village, plus grand magasin de cycle de France. Effectivement, de l’extérieur cela semble énorme et très calme en ce lundi matin de jour férié. J’hésite à quoi faire devant l’immense entrée  de mon vélo et de son chargement. Un employé se dirige alors vers moi et m’invite à rentrer carrément dans le magasin avec mon vélo et sa remorque. Il me faut juste mettre mes sacoches à la consigne et que l’on m’appose une étiquette sur le vélo et je peux ainsi aller  directement dans les immenses rayons. Cela me paraît irréel mais le gardien me demande tout de même de descendre du vélo et de rester à côté. Je m’achète un pneu pour remplacer celui de la remorque, une chambre à air et des rustines. Discussion très sympa avec le responsable du magasin. Lui et le directeur, malheureusement pas là ce jour-là, connaissent bien aussi le voyage à vélo et ont déjà pas mal d’expérience. Mes coordonnées et adresse de mon site web sont notées pour une éventuelle communication autour de mon voyage et un éventuel sponsoring. Pour l’instant, ils me font juste un prix sur le pneu et m’offrent 2 boites de barres de céréales. Je fini de jeter un œil au magasin : On y trouve des pistes d’essais pour VTT, BMX, vélos d’enfants, un restaurant, un immense atelier et même 3 postes pour que les bricoleurs puissent faire eux même l’entretien de leur vélo. Des gens viennent de très loin pour venir dans ce magasin, unique en France. Je regrette le lendemain de ne pas m’être arrêté dans je ne sais plus quel village où il doit y avoir, au contraire le plus petit magasin de cycle de France. En passant devant, j’ai juste vu un minuscule atelier derrière une porte.

 

Direction ensuite Villeneuve d’Ascq sous une fine pluie via des tas de pistes cyclables. Je retrouve ma cousine Violaine, Thomas et leur petite famille. Ils ont été marqués ces derniers jours par le décès de mon oncle Henri dont je n’ai malheureusement pas pu être présent à son enterrement 4 jours plus tôt. Violaine me prépare un pique-nique et je repars, accompagné de Thomas sur son vélo qu’il utilise presque tous les jours pour aller à son travail. Il me fait passer par les coins qu’il connait bien autour du Lac du Héron et le long de la Marque. Il s’agit de bonnes pistes. Ensuite ce sera des petites routes passant par Bouvines, Cysoing avant de rentrer en Belgique où je retrouve ces routes en béton. Pause pique-nique un peu perturbée par une petite averse à Howardries. Nous prenons un pot à Condé sur l’Escaut et nous nous séparons quelques kilomètres plus loin car Thomas doit prendre un train à Valenciennes pour rentrer chez lui. Nous avons roulé plus de 50km ensemble, à un bon rythme et s’était sympa de sa part de me raconter un maximum de choses sur la région, sur sa pratique du vélo au quotidien depuis son enfance.  Il s’agit pour moi désormais de penser à un endroit où dormir. A priori, cela sera un nouveau bivouac. Il me faut donc d’abord trouver où faire le plein d’eau puis un endroit où poser ma tente. Je trouve l’eau au cimetière de Rombies et Marchipont. Je suis alors pendant quelques centaines de mètres une rue pavée, digne du Paris-Roubaix, ce qui n’est franchement pas confortable sur mon vélo de course, avant de trouver un petit lieu caché sur un talus coincé entre cette rue et la barrière du parc d’activité de la vallée de l’Escaut. Il me faut juste aplatir les herbes et orties pour pouvoir placer ma tente sous un arbre. Ce n’est pas très confortable mais je peux tout de même prendre une bonne douche avec mon système de poche à eau. En pleine nuit, un gros orage inquiétant perturbera fortement mon sommeil. Ma tente résistera heureusement bien aux assauts du vent et de la pluie.

 

Mardi 10/06/14 : Valenciennes – Forge-Philippe (B). 119km

 Autre journée avec étape non planifiée mais quand je vois sur la carte que je vais passer non loin de sites comme Jenlain ou Chimay, je sais déjà que la journée devrait être ponctuée de quelques bonnes bières. Je passe de nombreuses fois la frontière avec la Belgique. C’est amusant de voir que des locaux des douanes ont été transformés en salon de coiffure ou laissés tel quel. Les routes belges sont agréables sauf pour certains villages où toutes les rues sont  pavées. Je suis dans la région de l’Avesnois, que je découvre donc puisque c’est la 1ère fois que je viens par ici. Pause pique-nique dans le kiosque à musique de Villers –Sire-Nicole en observant la sortie de l’école à 12h. Tous les parents arrivent à pied, en voiture ou à vélo 5mn avant et repartent aussitôt avec leurs enfants 5mn après. Chouette passage ensuite dans la vallée de la Thure. Après une belle côte dans le bois de Nostrimont, je fais une pause dans un bar en terrasse. La route suit exactement la frontière et du côté belge, des tas de commerces font la promotion des spécialités belges : chocolat, frites et bien sûr de bonnes bières. Je me laisse tenter par une Corne du Bois des Pendues, servies dans un verre en forme de corne avec un support en bois. Original ! Je décide de commencer une série de photos de bouteilles de bière et de verres assortis. Quelques kilomètres plus loin, j’arrive à Momignies, en Belgique. Je n’y vois ni camping, ni auberge ou hôtel. Je me renseigne dans un bar et le patron et un client me conseillent d’aller chez Michelin à Forge-Philippe.  J’ai le droit à 5mn d’explications sur la manière d’y aller. Les gens ne se rendent pas compte qu’il est impossible de mémorer tous les détails de la route à suivre. Impossible à eux de m’indiquer l’endroit sur la carte. Je me débrouille donc entre mon sens de l’orientation, mon GPS et mes quelques souvenirs de leurs explications. Je vais directement jusqu’à Forge-Philippe après avoir vu un panneau indiquant une auberge et un camping mais sans aucune autre indication au carrefour suivant. Je me renseigne une première fois auprès de quelqu’un qui me dit de retourner dans ma direction opposée. J’ai fait une grande boucle et retourne sur ma route précédente sans aucune autre indication de cette auberge. Je demande donc à une 2ème personne qui m’indique finalement la bonne direction. J’arrive dans le bois de Chimay, auprès de la rivière Oise. Un bâtiment porte bien une enseigne Jupiler mais aucune indication que c’est bien ici. Ouf, oui après renseignement, je suis bien arrivé et je peux effectivement dormir et manger ici. Je suis crevé par ma journée : 120km et pas mal de dénivelés (1200m de montées). Le vélo reste dehors et l’on m’indique ma chambre. J’ai le temps pour une bonne douche, faire sécher ma tente, un peu de lessive et une bonne bière sur la terrasse animée par un groupe d’amis chantant au son de l’accordéon. Le repas sera pantagruélique : L’entrée, une terrine sera en soit en vrai repas. Une grosse part avec des tas de crudités. Le plat principal sera le pompon ! Un steak énorme, épais et délicieux servi avec de très bonnes frites et des poivrons. Aux 2 tables voisines, les gens, des personnes âgées se parlent entre elle des bienfaits de la cuisine de Micheline et de la région.  Je n’ai pas la force et la faim de terminer mon steak. Mes voisins de table me disent que je n’aurai pas dû prendre d’entrée. Comment le savoir à l’avance ? En tout cas, je défie quiconque d’arriver à finir un repas complet dans cette auberge.

 

Mercredi 11/06/14: Forge-Philippe (B) – Givet. 71km

 Le petit-déjeuner sera tout aussi copieux. C’est la démesure : 3 fruits, 4 sachets de thé, du pain, du fromage, du jambon, du chocolat. Tant est si bien  que je me ferais des sandwichs pour mon pique-nique. Et ne croyait pas que Micheline l’ai mal pris. Elle a même couru après moi pour me donner un sac plastique pour pouvoir le transporter. La demi-pension ne m’aura coûté que 52€ !

 

Me voilà donc plein de force et bien reposé pour cette nouvelle journée. Rapide coup d’œil à l’extérieur de l’abbaye de Scourmont, trop récente à mon goût. J’y croise un groupe de 4 femmes belges se faisant une petite virée à vélo d’Anvers jusqu’à Paris. Je repasse la frontière pour rentrer en France par le village de Regniowez. Je m’arrête devant une maison pour photographier les 2 vélos décorés de drapeaux français et belges. La propriétaire me voit et m’invite à rentrer dans leur jardin pour voir un autre vélo. Avec son mari, ils me proposent alors de boire un verre. Sympa ! Ce n’est pas très souvent que cela m’arrive une invitation ainsi spontanée. Madame est belge, monsieur est français et semblent bien profiter de leur retraire dans leur belle maison et son grand jardin. On discute de ma meilleure route à suivre pour rejoindre la vallée de la Meuse. J’arrive vers midi à Rocroi dans les Ardennes, jolie petite ville fortifiée en forme d’étoile. Le 16 Mai 1643, Louis XIV y fit mener par le duc d’Enghien une bataille contre les espagnols de Charles Quint. La victoire fut décisive car elle marqua le retour de la France sur la scène internationale après un siècle de défaites et de guerres civiles. Je rejoins finalement Fumay, au bord de la Meuse à travers la forêt du Francbois-Bryas. La route n’est pas folichonne, toute droite, par monts et par vaux mais il n’y a que peu de circulation et j’avance à un bon rythme. Gros changement en arrivant à Fumay, logée dans un méandre de la Meuse. De là, une belle piste cyclable   va me conduire jusqu’à Givet, tout en haut de cette petite pointe de la carte de France si caractéristique du contour de notre pays. Il me reste 30km pour y arriver tranquillement.  La centrale nucléaire de Chooz jure dans ce beau paysage et oblige à faire un détour et à grimper une côte. Givet est un site étonnant. La ville est séparée en 2 par la Meuse et une immense fortification la surplombe. Je viens de passer devant le camping mais continue jusqu’en ville pour visiter un peu, manger une bonne glace et faire quelques courses pour le dîner. Cette petite étape de 71km suivie de cette après-midi tranquille me fera du bien. Le camping ne coûte que 5€  et il sera parfait pour moi.

 

Jeudi 12/06/14 : Givet – Matton et Clémency. 107km

 Ce qui est chouette en cette saison et dans ces coins-là, c’est que le matin, il n’y a pas de rosée et donc je peux plier une tente bien sèche. A la sortie de Givet, j’attaque ma 1ère longue grimpette, plus de 4km, que je monte facilement à mon rythme. Dommage, le  col que je passe n’a pas de nom.  Au village de Felenne, un monsieur me confirme qu’il n’a pas de nom et que des courses cyclistes y passent de temps en temps. Quelques autres montées et longues descentes m’attendent ensuite jusqu’au village des Hautes Rivières. J’achète dans une boulangerie mon pique-nique mais continu le long de la Semois jusqu’au village belge de Bohan. Le site est touristique visiblement car il y a de nombreux bars et restaurants. La tentation est trop forte et je me paye donc une bonne bière dans un bar qui, détail amusant, fait aussi salon de coiffure. Je profite aussi du wifi avant d’aller déjeuner au bord de la rivière, sous les yeux affamés de quelques canards. L’après-midi se passera entre France et Belgique, sur de toutes petites routes sans trafic avec encore pas mal de dénivelés. Je passe par le col de la Bonne Idée, 341m puis par celui du Morthéan, 433m. La traversée de la forêt de Sedan est particulièrement calme. Les villages suivant sont sans aucun commerce ni camping. J’en repère un avec les Pages Jaunes à Matton et Clémency. C’est un camping de luxe, chaque parcelle ayant ses sanitaires. Il y a aussi un grand restaurant. L’accueil n’est pas encore ouvert et je n’ai pas envie d’attendre ni de dépenser 23€ juste pour planter ma tente. J’y fais donc mon plein d’eau et notamment d’eau chaude dans ma poche à eau et continue le long de la petite route qui se transforme vite en piste à la recherche d’un endroit où bivouaquer. Je le trouve assez rapidement sous les arbres dans un endroit où je ne croiserais personne jusqu’au lendemain. J’ai le luxe de pouvoir prendre une douche chaude, limite brulante,  et d’être tranquille, seulement dérangé par quelques moustiques. Dîner à base de soupe marocaine lyophilisée et de nouilles chinoises.

 

Vendredi 13/06/14 : Matton et Clémency – Montmédy. 51km

Pour ne pas faire demi-tour, je continue suivant cette piste sur 2kms environ. Je croise une dame qui ramasse une herbe spécifiquement pour nourrir ses lapins. Les villages sont toujours aussi désertiques au niveau commerce. Je trouve tout de même une petite superette en rentrant en Belgique. J’ai décidé d’aller visiter l’abbaye d’Orval ce matin car cela ne me fait pas un gros détour. Les sacoches restent à l’accueil et le vélo à l’extérieur. J’ai un peu hésité avant d’entrer car la brasserie n’est pas ouverte au public et il faut bien avoué que je suis surtout venu pour la renommée de la bière d’Orval que j’ai bien appréciée les jours précédents. Seule la partie ancienne de l’abbaye peut se visiter. Notre Dame d’Orval est un monastère cistercien trappiste fondé au XI siècle. Plusieurs fois brulée, pillée elle est reconstruite en 1926. La visite est fort agréable avec des panneaux explicatifs et une vidéo très bien fait. On peut voir l’ancien bâtiment où logeaient les visiteurs, les ruines de l’ancienne abbaye,  les immenses caves et une exposition sur les produits issus de l’abbaye, la bière, bien sûr mais aussi du fromage. C’est sous un chaud soleil que je reprends ma route, en montée mais heureusement à l’ombre. Retour en France après cette boucle en Belgique. J’arrive vers midi à Avioth où l’immense basilique semble démesurée par rapport à la taille du village. J’hésite à manger au restaurant mais le menu me tente peu. Je décide donc de continuer jusqu’à Montmédy. Dans une montée, je suis surpris par une forte déflagration. Mon pneu arrière vient d’exploser littéralement. Il est ouvert sur 3cm.  Le pneu était neuf mais je m’étais rendu compte la veille que la chambre à air était pliée. La pression du gonflage avait donc déformé la structure du pneu et le retour à la normale lui aura finalement été fatal. Ma solution sera de passer ce pneu sur la remorque, moins sollicitée, de mettre un morceau de chambre à air à l’intérieur et une rustine à l’extérieur. Ça marche et j’arrive finalement vers 13h15 à Montmédy. Je crève de faim et me précipite dans la 1ère pizzéria. Je décide d’arrêter là ma journée de vélo. Voilà 9 jours que je roule et je commence à avoir besoin d’un peu de repos, même si ce n’est qu’une ½ journée. J’ai repéré  un camping au pied de la citadelle, qui mérite, elle-même, une visite. Belle grimpette pour rejoindre ce camping municipal presque désert. On est invité à s’installer où l’on veut en attendant que la personne de l’accueil ne vienne en fin d’après-midi. Mon voisin me propose de recharger mes piles en me branchant sur son camping-car. Balade à pied et visite de la citadelle puis descente en ville pour quelques courses dans l’après-midi. Ce camping de la Citadelle est vraiment une bonne adresse : très propre et seulement 8€ pour la nuit.

 

Samedi 14/06/14 : Montmédy – Mondorff. 119km

 J’étais prévenu. Cette journée à travers la Lorraine sera sans grand intérêt : paysages de campagne, ville de Longwy sans grand intérêt. Je visite juste un cimetière franco-allemand. Par ici, les boulangers se déplacent en camionnette pour aller chez les clients. On voit bien quelques traces du passé minier de la région mais nul terril ou installations minières. Il ne s’agit que d’évocations aux entrées des villes ou au milieu de ronds-points : wagons chargés de minerais bien souvent. La plupart des villes et villages se terminent par –ange : Rodange, Aubange, Petange, Florange,…Je n’en connais pas la signification. Seul intérêt pour moi à Longwy, c'est un grand magasin de cycle où je peux m'acheter un pneu neuf et faire regonfler mes 3 pneus. L’entrée au Luxembourg est moche : 10 stations-services sur moins de 300m. L’essence est moins chère d’environ 20 centimes. Par amusement, je vais à l’intersection des 3 frontières France, Luxembourg et Belgique. Mais l’endroit n’est pas mieux : Une Nationale passant au-dessus de la rivière Chiers. Même le nom est moche ! Bref demi-tour pour aller pique-niquer dans un endroit un peu plus tranquille. Je ne me sens pas non plus en sécurité sur ces petites routes. Les gens y roulent vite, trop vite à mon goût. Je décide alors de bifurquer via une ancienne route et de me diriger vers le musée des Mines de Fer d’Aumetz dont je vois la tourelle au loin. Il y a de l’animation à l’entrée avec différents stands et un petit rassemblement de vieux taxis londoniens. Je suis bien accueilli à l’entrée : tarif réduit, vélo surveillé et invitation à rejoindre la visite commentée qui a déjà commencée. La visite est très vivante avec beaucoup de choses à voir : le treuille du puits, les moyens pour forer, extraire le minerai, fabriquer les explosifs et même les mèches. Montée en haut de la tourelle mais pas de descente au fond du puits de 250m car il a été bouché depuis longtemps. Belle vue sur la campagne environnante et les anciennes maisons des mineurs. Cette visite sauve ma journée de l’ennui. Les derniers kilomètres pour rejoindre Mondorff me paraissent bien longs. Heureusement ils sont plus agréables mais c’est bien crevé que j’arrive chez mes hôtes Warmshowers, Pierre et Jordane, dans leur superbe maison. Ils m’ont expliqué qu’ils seront peu disponible ce soir car ils sont invités à un dîner et que je devrais devoir camper dans leur jardin car ils sont en train de vider leur maison et n’ont déjà plus de lit pour les invités. Par contre, ils m’invitent à rester le lendemain pour avoir plus le temps de discuter, et me laisser ainsi l’occasion de faire un aller-retour vers Luxembourg pour visiter la ville sans mes bagages. Je dîne dans une pizzéria de Mondorff les Bains, la partie luxembourgeoise de cette ville frontalière. Balade à pied ensuite dans le très joli domaine thermal de la ville.

 

Dimanche 15/06/14 : Virée à Luxembourg. 57km

 Petit déjeuner sympa avec Pierre et Jordane à base de crêpes et de confitures maisons. Ils vident leur maison car ils l’ont mise en vente. Ils veulent quitter cette prison dorée du travail au Luxembourg, où certes l’on gagne bien sa vie (cela se voit par ces belles maisons et les grosses voitures garées devant) mais cela est au prix de nombreuses heures de travail et peu de jours de congés. Ensemble, ils rêvent d’une autre vie et veulent faire un break en partant pour un voyage de 4 ou 5 mois à vélo vers le sud de l’Europe. Ils me donnent quelques conseils pour ma journée de visite de Luxembourg : les pistes cyclables à suivre pour y arriver et la balade Wenzel dans le centre. J’ai un peu de mal à trouver les premières pistes cyclables. J’emprunte plutôt des petites routes bitumées ou pavées. J’apprécie de ne plus à avoir à tracter mes bagages. A partir d’Hespérange, la piste est super agréable : le long d’une rivière, loin de toute voiture. Beaucoup de gens y font du vélo, du roller ou du jogging. Après une bonne heure de vélo, j’arrive au cœur de la ville basse. Le site est étonnant avec ses différents niveaux, ses jolis bâtiments, ponts toute cette verdure. Je rentre dans un sous-terrain qui se termine par un ascenseur pour la ville haute. Magique ! On peut y rentrer sans problème avec son vélo. Le site est superbe aussi vu d’en haut. Beaucoup de monde et d’animation dans le centre-ville. Pour faire vite, je mange au Mac Donald de la place d’Armes en écoutant une fanfare. Puis je pars à pied faire le circuit de la balade de Wenzel qui me mène vers les sites historiques  des villes hautes et basses. Passage payant par les casemates, un véritable gruyère, sur plusieurs niveaux, creusé sous les 1ères fortifications. On s’y perdrait presque. Les points de vue sont superbes lors de cette randonnée de 1h30 à 2h très bien fléchée par endroit mais moins bien ailleurs. Je me dis que c’est étonnant que l’on ne parle si peu de cette belle ville de Luxembourg. Le site mérite pourtant largement le voyage. Il y a tant de choses à voir que finalement, je crois bien ne pas avoir vu le grand Palais Ducal. Avant de rentrer en vélo, je fais un tour sur d’autres quartiers de la ville haute, notamment la gare mais cela n’a finalement moins d’intérêt. Je rentre à Mondorff pour dîner avec Pierre et Jordane. Petite balade à pied ensemble en fin de soirée dans la campagne environnante de leur maison.

 

Lundi 16/06/14 : Mondorff – Habkirchen (D). 119km

 Je change un peu ma route en suivant les conseils de Pierre. Je roule côté luxembourgeois jusqu’à Senghen, lieu hautement symbolique puisque le traité de Senghen permet à partir de Juin 1990, la libre circulation des biens et des personnes au sein de l’Europe et des pays ayant ratifié cet accord. C’est grâce à ce traité que j’ai pu passer plus de 75 fois les frontières de la France avec ses pays frontaliers sans que l’on ne m’ait jamais demandé mes papiers.  Senghen, ce petit village, avait été choisi car il est à la croisée des 3 frontières française, luxembourgeoise et allemande. Un petit musée s’y trouve sur l’histoire de l’Europe mais je n’ai pas eu l’envie de la visiter. Premiers tours de roues en Allemagne  donc mais pas pour longtemps car je repasse aussitôt en France via le village d’Apach ! Ce coin est vraiment très international ! La route devient assez vallonnée. Au loin, sur les hauteurs, le château de Malbrouk. La trace que je suis me fait prendre une petite route. Un panneau annonce « route impraticable à 1km ». Que faire ? Continuer ? Faire demi-tour ? Je continue. Effectivement, elle est en mauvais état mais je passe sans problème. C’est plus la petite côte que je vois devant moi qui me pose problème. Il faudrait vraiment que je raccourcisse ma chaîne pour ne plus avoir ces problèmes à mon dérailleur et dont  j’ai peur de tout casser en forçant de trop. Les noms des villages français ont des consonances allemandes. Je m’amuse, comme en Belgique de voir les voitures et maisons allemandes ornées de drapeaux pour soutenir leur équipe nationale. Le pompon sera une voiture entièrement décorée puis, plus loin, une maison décorée aux couleurs de la France, face à une maison, elle entièrement décorée aux couleurs de l’Allemagne. Je ne sais pas si ces 2 voisins font cela à la rigolade où s’ils se détestent franchement. Les environs de Forbach ne sont pas bien gais ! Grosse montée ensuite pour sortir de Stiring-Wendel. A Grosbliederstroff, je dois changer ma route car ma trace voudrait me faire prendre une voie rapide pour rejoindre Sarreguemines. Mon option est de repasser du côté allemand, me taper une longue et pentue montée pour redescendre tranquillement à Habkirchen. Ce qui est agréable en Allemagne, c’est qu’il y a presque systématiquement une piste cyclable séparée de la route qu’elle suit. J’arrive chez Daniela, dans sa maison en chantier. Elle m’avait bien prévenu que je ne ferais pas étape au meilleur moment. J’avais rencontré Daniela l’an dernier, un petit matin en sortant de chez mon hôte Warmshowers de St Brieux. Elle, son fils et un ami cherchaient leur route lors de leur périple à vélo entre Roscoff et St Malo. Je lui avais alors parlé de Warmshowers et s’était donc inscrite par la suite. 1an après, j’étais sont premier hôte. Elle retape entièrement une maison qu’elle vient d’acheter. J’ai le droit à une douche chaude, mais pour la lessive ce sera à la main dans une bassine, pour la nuit, camping dans le jardin et pour le dîner, pas grand-chose à manger. Je complète mon repas avec une ration de nouilles chinoises. En dessert, il suffit de se servir dans le cerisier qui est plein de fruits murs à point.

 

Bien que frontalière depuis plusieurs années, Daniela parle peu le français et nous échangeons donc en anglais. Son fils se débrouille bien en français par contre. Petite balade à pied pour moi en fin de soirée dans ce petit village bien calme.

 

Mardi 17/06/14 : Habkirchen (D) – Obersteinbach. 87km

 Ce matin, je n’ai pas besoin de me presser car j’ai moins de kilomètres à faire. Daniela est déjà partie à son travail depuis bien longtemps quand je me lève. Le linge est sec. Je fais un peu d’entretien du vélo avant de repartir : nettoyage de la chaîne, graissage, réglage des freins et surtout, ce que j’aurais dû faire depuis bien longtemps, raccourcissement de ma chaîne de 2 maillons. C’est fou que j’aie pu tarder autant à réaliser cette  petite opération qui me gênait dans le passage des vitesses. Cela marche bien mieux dorénavant. Avec la voisine de Daniela qui me fournit de l’eau pour la journée, une petite cueillette de cerises pour mon pique-nique  et un arrêt à la boulangerie coté France, me voilà prêt pour cette journée qui devrait me mener jusqu’aux portes de l’Alsace. J’achète un sandwich pour le midi. On peut y acheter aussi du pain sec. La boulangère m’explique que les gens sont demandeur pour nourrir avec leurs animaux de basse-cour. La route me mène tranquillement jusqu’au parc archéologique de Bliesbruck-Reinheim avec ses ruines Gallo-Romaines. Je passe ma route car je n’ai pas le cœur pour faire cette visite. Après un petit crochet côté allemand, la route passe par de belles petites routes. Comme je sens que je vais bientôt quitter la Lorraine, je m’empresse de prendre en photos quelques maisons aux couleurs vives, signe, selon moi, que les gens y trouve ainsi une manière de combattre la morosité ambiante de la région.  Je fais une petite pause au moulin d’Escheviller mais que je ne visite pas.  Je décide ensuite de passé par les petites routes allemandes. Pause pique-nique à l’ombre de l’église de Riedelberg. La suite de la route est belle, tantôt en haut de plateau avec vue sur d’immenses éoliennes, tantôt en s’enfonçant dans d’épaisses forêts, prémisses des Vosges le long d’interminables descentes ou d’agréables montées. Passage un peu tout terrain sur une piste descendante à travers champs. Mon freinage sur ces roues de vélo de course est en limite d’efficacité. Il me faut donc toutes mes compétences de vététistes pour arriver en bas sans encombre.  Petite pause cerise au lac de Schöntal avant de revenir en France et passer en Alsace et dans le Bas Rhin à travers la forêt. En arrivant à Obersteinbach, je suis de plein pied désormais en Alsace car certaines maisons sont déjà à colombage. Je me rends compte que j’étais déjà passé dans ce village lors de ma traversée du massif vosgien en VTT. Je peux donc déjà affirmer que, quoi qu’il arrive désormais,  j’ai bouclé mon tour de France à vélo. Si j’ai décidé d’aller jusqu’à Mulhouse c’est simplement pour rester sur mon principe d’être au plus près de la frontière, ce que ne fait pas la TMV qui s’en écarte tout de même beaucoup. Ce soir, j’ai donc envie de fêter un peu cela et me payer un peu de confort. Je m’installe donc à l’hôtel « Alsace-Villages » qui pour 50€ me propose un petit studio donnant sur un grand jardin où je ferais une bonne sieste et un brin de bronzette. Pour le dîner, la ½ pension n’étant pas possible les mardis, je vais au restaurant juste en face. Dans la soirée, je commence à envoyer des demandes d’hébergement à quelques membres Warmshowers de Strasbourg, mon étape du lendemain. Malheureusement, je n’aurai aucune réponse positive à ma demande tardive.

 

Mercredi 18/06/14 : Obersteinbach - Strasbourg. 133km

 Pour faire quelques petites économies, je me contente de me faire un thé et d’attendre le passage de la camionnette du boulanger pour m’acheter 2 viennoiseries pour seulement 2€. Je règle ma nuit auprès de la dame qui tient cet hôtel et qui se régale d’y voir passer des gens comme moi ayant des projets de voyages originaux. Les premiers kilomètres sont en descente. Il n’y  qu’à laisser filer le vélo. Puis ma trace s’écarte de la route pour Wissambourg pour rentrer et monter dans cette forêt des Vosges du nord vers le château de Flikestein. Même si cela monte, c’est bien agréable d’emprunter cette petite route qui me mène jusqu’aux cols de Litschhof, de Schaufelshald puis du Pigeonnier, le dernier de ce tour de France et même probablement la dernière montée puisque jusqu’à Mulhouse, la route devrait être bien plate. On retrouve ensuite la route principale qui sort de la forêt et offre une immense vue sur la plaine d’Alsace déjà voilée par la brume de chaleur de cette journée. On arrive ainsi en roue libre à Wissambourg, ville fortifiée où les vélos sont autorisés à prendre tous les sens interdits, ce dont je profite bien. Je ne m’engage cependant pas dans le marché aux vêtements qui a lieu ce jour-là. Je suis ensuite les indications de la piste cyclable menant à Laudenbourg. Elle me fait passer du côté allemand par une petite route puis par une longue piste de terre. Je franchie la frontière pour aller m’acheter à la COOP mon déjeuner. Le patron me dit de faire vite car ils ferment dans 2mn à 12h15. Et effectivement, cela ne rigole pas. Je n’ai même pas le temps de finir mes achats que déjà ils éteignent les lumières dans les rayons. Je déjeune sur un banc à l’ombre. Après étude de la carte, je repasse côté allemand pour aller vraiment jusqu’au point le plus à l’est de la France. J’y rejoins le Rhin qu’une piste cyclable européenne suis jusqu’à Strasbourg et au-delà. J’ai 72km de plat à faire sous une forte chaleur et avec un léger vent de dos. J’atteins facilement des vitesses de 30km/h ou plus mais il est crevant de tenir ce rythme dans un environnement aussi monotone que ce suivi du Rhin. Quelques carrières avec quais de chargement directs vers des péniches, des petits ports de plaisance et quelques zones de loisirs cassent un peu la monotonie de ce tracé. Je me dessèche vite sans m’en rendre compte.  Je fais une pause salvatrice dans un bar transfrontalier avec une bonne Erdingler de 0.5l qui me donnera l’énergie suffisante pour arriver à Strasbourg. Les derniers kilomètres sont différents : on traverse une belle forêt pour arriver jusqu’aux portes de Strasbourg. Faute donc d’avoir réussi à trouver un membre de Warmshowers qui voulait bien m’héberger pour la nuit, je me dirige donc vers un hôtel F1 à l’est de la ville, non loin de Kelh. Il n’a pas l’air terrible, coincé entre voies rapides, chemin de fer et divers travaux. Pourtant la nuit sera calme et le petit resto à coté sera parfait pour moi, copieux et bon : grande assiette de crudité et tarte flambée délicieuse.

 

Jeudi 19/06/14 : Strasbourg – Rhinau. 45km

 Petit déjeuner à l’hôtel. Plutôt que de payer un supplément pour garder ma chambre le temps de ma visite de Strasbourg, le gérant me propose pour seulement 2€ de garder mes bagages dans leur consigne. Je pars donc léger, mais avec tout de même ma remorque vide vers le centre-ville. Bref passage par le centre du Segway city tour pour réserver un tour d’une heure en début d’après-midi puis visite à pied du centre-ville, de la Petite France. Pique-nique acheté dans une boulangerie et dégusté au calme dans un parc de la ville. C’est étonnant la place dédiée aux vélos dans cette ville. Quasiment toutes les rues ont des pistes cyclables, des points de location un peu partout, pas mal de magasins de cycles aussi. Une borne sur le bord d’une piste m’interpelle. Elle compte les passages de cyclistes. Il est 9h30 et déjà 1500 vélos sont passés. Plus de 800000 depuis le début de l’année. A 14h, je suis au rendez-vous pour le tour en Segway. Une petite mise en main est proposée dans le couloir de cette allée marchande. Nous ne sommes que 4, moi, un couple d’allemands d’Heidelberg et notre guide. La prise en main est vraiment rapide.  On se penche un peu vers l’avant pour avancer, vers l’arrière pour freiner et stopper et on incline le guidon  pour tourner. L’engin est super stable sur ces 2 roues grâce à des gyroscopes. Après 10mn, on est déjà dans les rues bondées de piétons et cyclistes en train de se faufiler aisément. Ce qui est agréable c’est que l’on est un peu au-dessus des gens. Visite de quelques endroits de la ville que je ne connaissais pas encore mais j’avoue ne pas faire grand cas des commentaires de notre guide car je suis plus intéressé par le maniement de cet engin et de ses différentes capacités de franchissement. Les 30€ de la balade peuvent paraître un peu chers mais le plaisir est au rendez-vous et cela vaut vraiment le coup. En plus, l’ambiance de cette jeune équipe est sympa. Ils s’intéressent à mon tour de France, me posent des questions et m’offrent à boire avant que je ne reparte à l’hôtel récupérer mes sacoches et continuer mon chemin jusqu’à Rhinau. Je passe du côté allemand en empruntant la belle passerelle pour piétons et cyclistes qui mène à Kelh. Ensuite, c’est encore une interminable piste le long du Rhin. Heureusement le vent est toujours dans mon dos et j’avale rapidement les 43km que j’ai à faire.  J’arrive juste à temps pour embarquer sur le bac faisant la liaison avec la France du coté de Rhinau. Le passage est gratuit. Ce sera ma dernière tricherie d’emprunt d’un moyen motorisé pour me déplacer de ce tour de France. A l’approche de la rive française, un choc violent me fait trébucher et fait tomber le vélo. Pas mal de gens sont surpris et vérifient que leur voiture n’est pas rentrée dans les autres. Le pilote du bac avait dû se tromper un peu dans sa manœuvre. En traversant Rhinau, je constate que les commerçants sont déjà fermés mais qu’un restaurant est ouvert. Je m’installe au camping de la Ferme des Tuileries. Les voyageurs à vélo ou à pied sont les bienvenus puisque la nuit n’y coûte que 5,5€, ce qui est très peu cher pour un camping 3 étoiles très bien équipé, ombragé avec une zone de loisirs et de baignade importante. Dîner donc dans cette pizzéria. La grande tablée voisine est animée car une bande de filles fête l’enterrement de vie de jeune fille de l’une d’elles.

 

Vendredi 20/06/14 : Visite du parc Europapark. 16km

Enfin une journée de repos même si elle ne sera pas de tout repos ! En tout cas, pour ce qui est du vélo car je ne ferais que 15km pour aller et revenir de l’Europapark situé de l’autre côté du Rhin, en Allemagne donc, dans le petit village de Rust. On y accède par des pistes cyclables bitumées ou non. J’y arrive à 8h30, 30mn avant l’ouverture. L’entrée coûte 41€ que je règle en chèque vacances. Il y a déjà du monde à la grille d’entrée. Le parc avec ses 55 attractions (Grand huit, manèges, spectacles) est divisé en différents secteurs chacun représentant un pays européen. Cela fait penser un peu à Epcot center en Floride. L’Europapark est dans la lignée de ces très grands parcs d’attractions : Tout y est impeccable, propre, les queues sont raisonnables (maxi 30mn ce jour-là) et elles sont organisées de manière que l’on soit toujours en mouvement et divertit par ce qui se passe autour. Je me rue, comme pas mal de monde vers les grands huit les plus impressionnants : Le Timbercoaster, tout en bois, qui donne de fortes sensations de vitesse est brutal, le Megacoaster lui promet de beaux loopings et l’Atlantica un immense splash. Je déjeune dans un fast-food grecque en étudiant le plan de ce qui me reste à voir. Je vois dans l’après-midi plusieurs spectacles : un de danse sur glace avec aussi un show de perroquets, un chanté avec des chansons d’ABBA dans une réplique du théâtre anglais où jouait Shakespeare, un de ventriloque et d’acrobaties. Les commentaires sont donnés dans un mix d’allemand, de français et d’anglais. Je profite d’autres attractions encore l’après-midi. J’ai bien aimé le Silver Star malgré les 30mn d’attente car il permet d’être pendant un total de 20s sur les 4mn du parcours en sensation d’apesanteur.  Je quitte le parc vers 19H30 après avoir dîner dans un fast-food asiatique du parc. Retour au camping via le bac sur le Rhin. Soirée calme dans ce camping occupé essentiellement par des allemands. Heureusement car la France jouait ce soir son 2ème match de qualification pour la coupe du monde et écrasait la Suisse d’un implacable 5 buts à 2

 

Samedi 21/06/14 : Rhinau – Pfastatt. 107km

 Dernière nuit en camping et dernière étape. Je pars à 8h30 du camping. L’accueil n’est pas encore ouvert. Je glisse donc le règlement de ces 2 nuits dans leur boite aux lettres pour ne pas à avoir à poireauter 30mn. Arrêt ensuite à la boulangerie pour compléter mon petit-déjeuner. J’ai décidé de rejoindre Mulhouse, non pas de suivre le bord du Rhin, trop ennuyeux mais en suivant ma trace GPS passant de villages en villages. Avec aucun dénivelé et un léger vent dans le dos, ma moyenne sera élevée pour cette belle journée. Mais le tracé présente encore assez peu d’intérêt : les villages ne sont pas très typiques et le paysage se limite à cette grande plaine cultivée limitée à l’est par les montagnes allemandes de la forêt noire et à l’ouest par les Vosges. Les champs sont largement arrosés par différents systèmes d’irrigation avec parfois, la situation cocasse, qu’il me faut passer sous les jets d’eau arrosant largement les pistes cyclables. A un moment, je surprends un marcassin un peu perdu et affolé, tout seul sur la piste cyclable. Passage non loin de la centrale de Fessenheim avec, comme toujours, grâce aux généreuses subventions, un village bien équipé avec belles pistes cyclables et grand complexe sportif. Pause pique-nique au village de Ottmarsheim avec l’achat d’une pizza et d’un flan dans une boulangerie. Je bifurque ensuite en direction de Mulhouse en suivant une piste cyclable à travers la forêt de la Hardt. Je me fais ensuite guider à la fois par le GPS et par les panneaux indicateurs pour vélo pour traverser Mulhouse et rejoindre la Cité des Trains, que j’avais prévu de visiter. Pas grand monde à l’entrée en ce début d’après-midi de cette chaude journée. Je râle un peu auprès de l’accueil car je ne peux pas y déposer mes affaires à la consigne à cause du plan vigipirate. C’est la première fois que l’on me dit cela. Je laisse donc mes 2 sacoches sur le vélo, vaguement attachées par mes cadenas. La visite est intéressante avec une belle sélection de locomotives et wagons dans 2 immenses hangars retraçant toute l’histoire du chemin de fer français, un audio guide et des images d’époque. J’y suis resté plus de 2 heures. En plein cagnard, je reprends le vélo pour 4 derniers kilomètres jusqu’à Pfastatt, en banlieue de Mulhouse où m’attend Krzysztof de chez Warmshowers. C’est cocasse mais il habite rue des Héros. Je termine donc ce tour de France en héro ! Mais non, j’ai bien les pieds sur terre. Il n’y a rien d’héroïque à avoir bouclé ce tour. Je suis juste allé au bout d’un rêve que je suis fier d’avoir réalisé, sans encombre et d’en avoir profité un maximum. Krzysztof est polonais et travaille depuis 6 ans aux Potasses d’Alsace dans un secteur de maintenance. L’activité périclite depuis des années mais il continu d’y avoir du travail. Il vit dans un joli petit appartement. C’est un peu comme chez moi : sa cave est encombrée de 2 vélos, plus un dans le local vélo et son beau vélo de triathlon dans son salon. Il est comme moi adepte de voyages à vélo, de vélotaff et de vélo sportif. Dîner léger (raviolis polonaise) et très tôt (18h15 !) avant d’aller en vélo dans les rues de Mulhouse faire un visite rapide, profiter de la fête de la musique, boire quelques bières et manger un peu plus. On ne rentre pas trop tard cependant car les 107km de la matinée et la chaleur m’ont fatigué. De plus Mulhouse ne me laissera pas un souvenir impérissable. Le centre-ville est certes joli mais petit et la population est très cosmopolite. La rencontre de Krzysztof aura été sympa. Encore une fois, grâce à Warmshowers, on se sent toute de suite en affinité. Je lui laisse le roman de Miche Bussi « Comme un avion sans elle » que je venais de terminer

 

Dimanche 22/06/14 : Pfastatt - Mulhouse. 5km

 Réveil à 7h15, tasse de thé et départ pour la gare de Mulhouse. Sympa, Krzysztof me fait rapidement un sandwich pour mon déjeuner. J’arrive bien en avance pour mon train de 8h56. Il est bien confirmé malgré la fin de la grève de la SNCF. C’est un TGV suisse, un Lyria, et je ne comprends pas comment je dois mettre mon vélo dans ce wagon n°11. Il y a bien un pictogramme mais je ne vois rien pour accrocher le vélo. Je décide donc de le mettre dans le compartiment voisin des 1ères classes. Le contrôleur m’expliquera plus tard que je dois replier 4 sièges pour avoir l’emplacement du vélo. Le trajet vers Paris est rapide : 2h40, à 190km/h de moyenne et 320km/h en pointe. Ma traversée de Paris en vélo est tout aussi rapide car je n’ai que 40mn pour prendre un train en direction de Rouen à St Lazare. Je grille donc tous les feux rouges et arrive en seulement 20mn mais tout cela pour constater, qu’à cause de la grève, aucun train n’est en partance avant 14h50. Il me faut donc poireauter près de 3h en gare pour prendre ensuite un train qui sera bondé. C’est bien la peine de faire 500km à vitesse grand V si après il faut plus de 4h pour faire seulement 120km !